La bioéthique et le transhumanisme se rencontrent en ce début de siècle. Le rêve de l’homme machine en est il vraiment un ? Quand la science et la politique se mêle du vivant, la question de la bioéthique devrait devenir centrale. Quand on connaît la puissance des lobbies sur la politique et notamment le pouvoir d’individus comme Elon Musk et son entreprise comme Neuralink ou comme Mark Zuckerberg et son projet de metaver social pour Meta, la place de l’homme ne serait elle pas en train de se réduire dans le vivant ? Les intelligences artificielles d’aujourd’hui ne sont pas « intelligentes », il s’agit de super algorithmes reposant sur des modèles et des blocs de connaissances mises dans des cases mais déjà un ingénieur de Google a cru une IA consciente, une IA de rédaction a été gratifié d’un brevet, un robot demande son émancipation. Le futur de nos livres de science fiction a commencé à se produire et il n’y a aucun doute sur le fait que Phillip K. Dick trouverai ce monde anxiogène tant nous nous asservissions nous même. Doit on sacrifier de plus en plus de nos liberté sur l’autel de la technologie ? Deviendront nous les esclaves des machines ? N’est on pas déjà en train de nous transformer en machine et ceux qui ne suivent pas, resteront sur le bas côté de cette course effrénée à la productivité ?
En quoi le transhumanisme rouvre des questionnements non élucidés par les états généraux de la bioéthique de 2011 ?
La société Neuralink d’Elon Musk va procéder aux premiers essais sur l’homme de son implant cérébral cette année. Neuralink est une interface neuronale directe conçut à des fin thérapeutiques. Sa promesse est d’aider les personnes handicapées à retrouver le contrôle de leur corps.
Une telle puce pourrait aussi bien avoir des applications domotiques, vous pourriez contrôler le chauffage et l’éclairage de votre logement par la pensée ou conduire une voiture électrique par exemple.
Avec cette innovation c’est la science fiction qui s’invite dans notre quotidien en mettant l’humain augmenté au cœur des questionnement bioéthique. Comment ça ?
- Si l’implantation de la puce semble maîtrisé aujourd’hui, qu’en est il de l’explantation ? L’implant sera t’il retirable sans endommager le cerveau ?
- Si je peux contrôler mon environnement domotique, est-ce envisageable que je puisse être contrôlé ? N’est on pas en train de créer l’humain hackable ?
- Est-ce que l’on ne recevrait pas des publicités directement traité par le cerveau et donc auxquelles on ne pourra échapper ?
- Est-ce que quelqu’un pourrait contrôler partiellement ou totalement une tierce personne par son implant neuronal ?
- Pourrait on être conditionné sans que l’on ne s’en rende compte ?
- L »apprentissage deviendra t’il tel que dans dans matrix, du téléchargement de savoir.
- Quid du traitement des données ? Est-ce que Neuralink ne deviendrait pas la meilleur arme pour la surveillance de masse ?
Cet implant neuronal suscite beaucoup d’interrogations, il y des amélioration possible mais également beaucoup d’inquiétudes. Une réflexion profonde s’impose, c’est un travail pour la bioéthique.
Qu’est-ce que la bioéthique ?
La bioéthique c’est un travail qui conjugue des compétences complémentaires pour offrir une réflexion sur des enjeux complexes à la croisée entre la recherche, la médecine, la société et une forme de morale.
La PMA, la fin de vie, la médecine prédictive ou les neurosciences sont des exemples de sujets auxquels s’intéresse la bioéthique.
Des enjeux complexes pour protéger des dérives
Les avancées scientifiques peuvent parfois transformer nos sociétés en profondeur, ainsi la bioéthique s’attèle aux dérives possibles qu’elles peuvent engendrer. La bioéthique vise à encadrer ces avancées de manière à empêcher des dérèglements sociétaux préoccupants. La gestation pour autrui GPA et son impact sur nos sociétés ou l’euthanasie et l’acharnement thérapeutique, voilà le type de questionnements auquel la bioéthique se confronte.
Un regard poly et trans disciplines
Ce néologisme apparu dès les années 1970 traite des questions éthiques ou morales, posées par les avancées technologiques et scientifiques, et l’impact qu’elles peuvent avoir sur l’être humain et sa place dans la société. Plusieurs disciplines sont conviées dans une réflexion aux regards et compétences complémentaires, parmi elles, on retrouve la philosophie, la médecine, le droit et la science.
Connecter société, médecine et recherche en vue de légiférer
La question fondamentale de la Bioéthique est de définir le monde que l’on souhaite avoir aux vues des possibilités qu’ouvrent les sciences ou les progrès de la médecine.
La bioéthique est une concertation inter professionnelle dont le but est de résoudre les problèmes à portée éthique implicite à la mise en application de découvertes scientifiques sur le vivant. Elle vise à protéger la dignité humaine et à garantir le respect des droits fondamentaux sur différents domaines d’applications.
Domaines d’applications de la bioéthique
Les domaines d’applications de la bioéthique sont nombreux, parmi eux, on compte tout ce qui a attrait à la procréation humaine comme la gestation pour autrui, l’eugénisme, le clonage humain à visé thérapeutique ou pas, les cellules souches.
Ce sont les questionnements sur la fin de vie avec l’euthanasie et l’acharnement thérapeutique.
On compte aussi la manipulation humaine qu’elle soit génétique ou transhumaniste, les neurosciences, les biotechnologies ou nanotechnologies appliqués à l’homme, l’animal, le vivant.
De manière globale son champ d’étude est toute expérimentation sur le vivant.
Encadrement légal
La France depuis les années 1970 a commencé sa réflexion sur la bioéthique. En 1983, c’est la naissance du CCNE, le Comité Consultatif National d’Éthique pour les sciences de la vie et la santé.
Deux premières lois de bioéthique sont adoptées en juillet 1994 sur les règles de traitement, juridique et administratif, des données de santé nominatives et sur trois principes : l’anonymat, la gratuité et l’obligation du consentement. Celle de juillet 2004 complète les précédentes, elle interdit le clonage d’un être humain (qu’il soit vivant ou décédé) et autorise la recherche sur les embryons humains sous cadre restreint. Cette loi crée également l’Agence de la biomédecine qui reprendra, en 2005 les missions de l’Établissement Français des Greffes.
La loi de 2011 autorise la vitrification des ovocytes et le don croisé d’organes si incompatibilité avec un proche. Celle de 2013 autorise sous contrôle la recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines et recherche sur l’embryon.
En 2018 se sont tenus les Etats généraux de la bioéthique, organisés par le CCNE. Afin d’éclairer le Parlement avant révision, le CCNE constitua un rapport, synthèse de ses consultations d’experts et et la collecte des avis du grand public.
Depuis le 2 aout 2021 de nombreux changements ont été apportés et débattus tel que la possibilité, pour les enfants né d’une PMA avec don d’avoir accès aux informations que le donneurs aura consenti à laissé et jusqu’à son identité. Il est désormais possible d’autoconserver ses gamètes en vue d’une AMP ultérieure et les couples de femmes et les femmes non mariées peuvent bénéficier de l’AMP.
La France est précurseur cependant, au niveau international, le Comité directeur pour la bioéthique (CDBI) du Conseil de l’Europe ainsi que les comités international et intergouvernemental de bioéthique de l’Unesco ont une activité importante et une influence certaine sur les grandes thématiques de la réflexion bioéthique.
La Bioéthique veut elle donner une morale à la science ?
Ne fais pas aux autres ce que tu ne souhaite pas qu’on te fasse. Ce pourrait être un leitmotiv de la bioéthique. Et pourtant les moyens utilisés pour tendre à un monde juste le sont-ils ?
La philosophie apporte une pierre importante à l’édifice de la bioéthique. L’euthanasie peut être vu comme conflictuel sur le principe de respect de la dignité humaine. La dignité humaine peut être comprise comme le respect du droit à la personne à disposer de son corps et ainsi choisir sa mort mais elle peut également perçu comme appartenant à l’humanité et ainsi s’exercer uniquement dans l’accompagnement du mourant.
Des courants philosophiques actuelles pensent envisageable que la concertation bioéthique en vienne à modifier, revisiter les droits de l’homme. On trouve des technophiles comme Engelhardt ou des technophobes à l’image de Hans Jonas, cependant la grande majorité des philosophes considèrent avec intérêt les progrès scientifiques pour lesquels il convient de définir des valeurs et réguler sa pratique. La dignité humaine ne serait plus en conflit avec la liberté, elle en dessinerait les contours suffisant pour la survie humaine et la cohésion sociale.
La bioéthique possède une dimension politique évidente dans les enjeux de pouvoir qui s’y jouent. Sa place grandissante dans les médias, les débats attestent de l’importance de la tâche à accomplir. La sphère politique endosse la création des lois de bioéthique et leurs mises en application. Qu’en est il du pouvoir des lobbies ? Quand les enjeux de bioéthique croisent les agendas électoraux, qu’en est-il ?
Du point de vue religieux, l’Église voit l’euthanasie ou l’avortement comme un crime. Elle participe au débat politique par le biais d’une lettre ouverte adressé au 1er ministre au moment des débats sur le projet de loi bioéthique 2019 par Monseigneur d’Ornellas, responsable du groupe de travail bioéthique de la Conférence des Évêques de France.
Précédemment, le père Bruno Saintôt, expert en bioéthique de la même Conférence des Évêques de France, indique trois types d’enjeux pour les États généraux de la bioéthique de 2018 sur la définition de valeurs et normes relatives à la personne, sur le collectif et sur la méthodologie.
Pour aller plus loin sur des questions précises liées à la bioéthique – FAQ
Qui est éligible à la FIV ?
Les conditions de réalisation de la FIV sont strictement définies en France par la loi bioéthique. En dehors du contexte médical, pour être admissible au TARV, un couple doit répondre aux critères de la loi de bioéthique (2011): Être un couple hétérosexuel en âge de procréer.
Qui a droit à la procréation assistée en France ?
À l’heure actuelle, seuls les couples hétérosexuels mariés ou vivant ensemble depuis au moins 2 ans (cohabitation, partenariat civil), ayant l’âge légal pour avoir des enfants et qui ont été diagnostiqués stériles par un professionnel de la santé ou qui sont porteurs d’une maladie génétique grave qui peut être transmise à l’enfant ou au conjoint peuvent avoir accès à la procréation assistée.
Quand la procréation assistée a-t-elle été autorisée en France ?
La loi française limite la procréation assistée depuis 1994 aux couples mixtes et infertiles. En septembre 2018, le Comité consultatif national d’éthique approuve un projet d’amendement à la loi de bioéthique, qui inclut l’adoption de la procréation assistée pour les femmes célibataires et les femmes en couple avec une autre femme.
Qu’est-ce qu’une PMA sans père ?
La procréation assistée sans père permet à des femmes seules d’être fécondées avec le sperme d’un donneur anonyme pour obtenir un enfant.
Pourquoi être contre la PMA ?
Le plus souvent, les partisans de cette pratique exigent l’égalité des sexes et des droits communs à toutes les femmes, y compris des « droits de l’enfant» pour les homosexuels, tandis que les opposants défendent la famille traditionnelle avec le père, la mère et l’enfant.